Voici les réponses de Jean-Louis Fetjaine, auteur de La trilogie des Elfes, Les Chroniques des Elfes, Le pas de Merlin...
Quels rapports entretenez-vous avec l'imaginaire ?
L'imaginaire, c'est la recherche d'autre chose. Je trouve que la littérature de l'imaginaire, c'est non seulement une liberté absolue mais aussi la recherche et la construction d'un univers tel qu'on le rêverait, tel qu'on l'imaginerait ou tel qu'on espère qu'il ait un jour existé.
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Par rapport à d'autres genres qui ne construisent pas quelque chose, le polar raconte une histoire par exemple, la SF projette dans l'avenir donc on ne peut pas s'identifier à quelque chose qui par définition se passe après nous, les littératures de l'imaginaire et principalement la Fantasy ont un côté historique ; c'est une Histoire imaginée ou une Histoire réinventée ou un Histoire rêvée. Cette Histoire imaginée, elle est plus riche que le roman historique, elle est plus ouverte, plus poétique. Je la trouve donc plus intéressante.
Selon vous qu'est-ce qui différencie l'imaginaire francophone de l'imaginaire anglo-saxon ?
Je dirais que l'imaginaire francophone est émergeant. Je ne pense pas qu'il existe déjà en tant qu'école, mais c'est plus à vous de le dire, les gens qui êtes des observateurs d'un mouvement s'il y en a bien un. Je connais assez peu de gens dans le milieu mais en tant qu'éditeur j'ai pu rencontré et publier des personnes comme Pierre Pevel ou Michel Pagel. Avec Michel Pagel, on avait notamment un peu la même approche qui était de s'inscrire dans des références historiques. A ma connaissance, je pense que c'est quelque chose qui est un peu plus français. J'ai beaucoup aimé Le Roi d'Août de Michel Pagel qui était une façon de revisiter Philippe-Auguste dans un univers féerique. Cette approche d'essayer de dire que ça a existé, d'une certaine façon au Moyen-Âge, que ça pouvait se passer comme ça dans certains coins et de l'ancrer dans un univers géographique que l'on connaît. Je trouve que c'est peut-être une différence.
Il y a aussi une rencontre d'univers et une diversité d'influences à mon avis plus large. Tolkien, qui a inspiré finalement toute la Fantasy anglo-saxonne, n'est pas du tout en référence avec le monde celtique, il est complètement en référence avec l'univers nordique et germanique qui sont un peu les mêmes avec l'univers de Beowulf et des sagas scandinaves. Il y a un autre imaginaire qui est l'univers celte qui est en gros celui de la légende arthurienne qui ne se trouve pas vraiment dans l'univers tolkienien. Ce que j'ai essayé de faire, c'est de se faire rencontrer les deux. Et je pense que cet univers celte, c'est peut-être un truc que les Français peuvent apporter.
Comment voyez-vous l'imaginaire du côté littérature évoluer en France ?
Je ne sais pas... Je ne sais pas du tout. J'ai été éditeur d'imaginaire quand je dirigeais Le Pré aux Clercs que je ne dirige plus parce que j'ai fondé les éditions Fetjaine où on ne fait pas de fiction. En tant qu'éditeur je ne suis plus dans ce bain-là. On publie des livres sur l'univers de l'imaginaire mais ce sont des livres illustrés ou des livres pour enfants. Donc concernant l'imaginaire, je ne suis plus qu'auteur, et en tant qu'auteur, je ne lis jamais de Fantasy, pour une raison simple : je n'ai pas envie de tomber sur une idée que j'ai ou de m'inspirer d'un idée de quelqu'un d'autre. Je n'en lis donc jamais ! Je me cramponne comme un malade pour lire le livre de Tolkien [NRDL : Les enfants de Húrin], chiant à mourir d'ailleurs, mais je n'en lis jamais. On ne peut pas faire les deux. Avoir un avis autorisé sur la Fantasy en France, je ne peux pas.
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